Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sécotine and so on
Archives
29 septembre 2008

Petits points

Avoir passé des vacances enfantines dans le nord de la France était une richesse inestimable : les brodeurs n'étaient pas loin. Les ateliers vrombissants résonnaient à quelques mètres de la petite maison en brique de mes grands parents.
Ces grands parents, venus d'ailleurs avec leurs mains comme seule source de subsistance, ont ramassé les patates en courbant le dos, et travaillé dans ces antiques petites usines de confection qu'abritait jadis la Picardie.
Dans le débarras aux odeurs d'essence (la Mobylette 103 était garée là), juste avant le rideau ou Papi faisait sa sieste, coin secret ou j'ai rarement passé le nez, tronait la machine à coudre de Mamie.

Une vieille Singer sans doute, à pédales, noire et usée poussée contre le mur abimé aux vitres translucides. Les coupons de satin aux mille couleurs n'étaient pas loin, rangés dans une boite à trésors que ma grand mère gardait jalousement. S'ajoutaient les kyrielles de bobines de fil, souvent dorés ou argentés, petits reliquats de ces ateliers.

Mon plaisir, c'était de tracer à l'aiguille des volutes imparfaites, formes hasardeuses au fil doré sur ces coupons soyeux bordeaux, noir, turquoise qui glissaient trop pour mes mains d'enfant.  Ces oeuvres, un peu Kandinsky, un peu n'importe quoi, faisaient ma fierté, je trouvais ces créations magnifiques. Inutiles, mais splendides.

Rien, jamais rien de concret n'est sorti de cette machine à coudre sous mes mains, ni un ourlet correct ni une pièce de couture "utile".

Ma médiocrité en couture m'a suivie toute ma vie. Les ourlets de pantalon furent longtemps scotchés ou agrafés. Aujourd'hui cousus d'un fil qui n'est jamais de la bonne couleur, ils sont vagues et se tortillent imparfaitement près de ma cheville. La machine à coudre n'y est pour rien, c'est l'ouvrière qui est mauvaise.

Je conserve dans ma bibliothèque l'excellent Intemporels pour Enfants, avec le vague espoir un jour de soudoyer une tante pour coudre ces si jolies tuniques à mon fils.

Et d'ailleurs, il faut que je m'y mette ce matin. Le dernier pantalon est décidément ... trop long.

*** Edit 03/10***
Les miracles existent : hier soir à 22h30, la machine à coudre posée par terre à coté de la prise électrique a parfaitement cousu l'ourlet du jean neuf, le fil était de la bonne couleur et ce matin, je ressemble à quelque chose...

Publicité
Commentaires
E
Je viens de ta tagguer ! Biz
E
Moi aussi j'ai envie de m'y mettre mais je n'ai pas envie de me lancer seule. Ce qui me freine c'est d'investir dans une machine pour ensuite me rendre compte que je n'aime pas ça. Et puis où la mettrais-je chez moi ??? Bon en fait tout un tas d'excuses pour ne pas me lancer ! Pourtant je brode très bien alors peut-être que j'arriverais à faire quelque chose ? En tout cas, pour l'instant je "rêve" devant certains blogs où les vêtements faits maison apparaissent comme par enchantement. Ca a l'air si simple chez les autres !
M
couture, je ne peux pas participer.. mais si j ai bien compris, tu as travaillé a geneve ? longtemps ? nous y avons vecu 3 ans, de merveilleux souvenirs !
C
heu...(pleine) est à découdre.
C
encore un bien beau billet ! les ourlets de jean, c'est juste la machine qui souffre...en revanche, les ourlets de pantalons de ville, c'est effectivement rébarbatif.<br /> <br /> ce que j'aime de la couture n'est justement pas ce genre d'exercice, je rêverais de passer une journée dans un atelier de haute-couture à admirer ces fées de l'aiguille ! <br /> <br /> puis je trouve que ta couture des mots est quant à elle pleine très réussie.
Sécotine and so on
Publicité
Publicité