Un océan de pornographie
Arrivée à l'aéroport international McCarran, Las Vegas, NV... Le ton est donné tout de suite : halls immenses et rutilants comme un casino, machines à sous et boutiques duty free. On imagine les week-ends d'affluence... Une fois en ville, nous descendons le Strip, l'avenue principale de Vegas, et tout est comme sur les photos : paillettes et néons, débauche d'hôtels oversized et de superlatifs indécents.
Ca y est, on y est, c'est Las Vegas de nuit. Ambiance bonne enfant dans les rues pleines de familles en shorts et couples en tongs. Nous poursuivons le nez en l'air, pour arpenter le Strip et prendre des coups de soleil à force de néons fluorescents et lumières artificielles. MGM Grand, Bellagio, New York New York, nous les passons presque tous en revue. Chaque hôtel possède son propre casino et comme un mini parc d'attraction thématique : au New York New York, les rues historiques de la ville sont reconstituées. Au Paris et au Venetian, les salles de jeu sont transformées en mini capitale, voute céleste bleu azur peinte et éclairée très crédible, on s'y croirait - ou presque.
Les américains sont visiblement comme ça, tout respire l'esprit Disneyland, tout est dans le divertissement facile, peu culturel, copies un peu grotesques des vrais monuments, tout est donc abordable, source de plaisir immédiat, jouissance facile à 25 cents.
Après diner nous reprenons notre longue marche et au fur et à mesure que la nuit avance, l'ambiance joyeusement racoleuse du début de soirée laisse place à un monde plus "adulte", "classe", et plus feutré. On voit moins de ces couples un peu balourds en t-shirt XXL, les très jeunes filles ont sorti les tenues de soirées indécemment courtes (nous appelerons cela plus tard "les lachers de pétasses") et outrageusement provocantes pour courir en boite. Avec mon pantalon noir et mes ballerines plates je fais figure de nonne au milieu de cet incessant pépiement de jeunes femelles mal assurées sur leurs talons très hauts et trop toc, leurs robes de supermarché ultra courtes (sur lesquelles elles ne cessent de tirer) et leurs brushings années 80. Voila un autre Vegas : les filles, le sexe, on rentre dans la partie moins abordable de Sin City... Pas tant que ça, toutefois.
Des camions publicitaires sillonnent le Strip en porclamant sur leurs flancs "Gentlemen's club & Steakhouse" sur fond de photo de femme au regard lascif, sans équivoque, bouche entrouverte. Oui, steakhouse, chair à déguster, comme sur ces petites cartes format CB que des kyrielles de jeunes migrants latinos tentent de distribuer aux passants sur le strip. Sur ces cartes, des photos de filles très dénudées, des numéros de téléphone.
Tu veux une fille ? Appelle ici
Tu veux du sexe ? Appelle ici
L'amérique soi-disant puritaine se débride ici, gardant un semblant de posture en censurant les tétons de ces jeunes femmes d'une modeste étoile, leur pubis d'un coeur faussement naïf. Certains passants prennent les cartes, les regardent, puis les jettent sur la chaussée, jamais je n'aurai autant foulé de seins, de fesses offertes avec tant de facilité. D'un trottoir l'autre, nous marchons sur un océan de pornographie.