Not my world ...
(Sophie, tu vas détester ce billet ...)
A la faveur de quelques jours dans cet été statique, écrasant, j'ai pris l'air.
Un peu plus en hauteur, un peu plus loin.
Il y avait un golf.
A l'arrivée à l'hôtel, il a fallu batailler entre berlines luxueuses et 4x4 derniers cri pour trouver une place de parking. Les golfeurs étaient partout. Généralement par paire, mari et femme, Monsieur et Madame, une cinquantaine d'année installées et la tranquilité d'avoir réussi sa vie (la Rolex l'atteste).
Notre voiture familiale, sa poussette un peu abîmée, notre avalanche de bagages donnaient une note dissonante au milieu de l'impeccable organisation du golfeur tiré à quatre épingles. Nous ressemblions à un débarquement de gitans au milieu de ce monde fait de "luxe, calme, et volupté".
Le golfeur semble insensible aux modes et aux passages du temps. Il porte, contre vents et marées, ces pantalons aux teintes vives depuis les années 80. Ici, un rouge corail éclatant sur ce grand patriarche. Là, un vert gazon étincelant sur celui qui pourrait être un magnat de l'industrie. Madame, elle, donne dans le polo sans manches, col relevé, et le bermuda madras assorti. Le bronzage parfait témoigne sans doute d'un séjour dans un endroit très chic que j'adorerais certainement.
Que dire de ce jeune père trentenaire, icone parfaite du genre Clan Kennedy, qui marche conquérant vers le green, suivi d'une progéniture à la blondeur angélique, clubs à la bonne taille et syntaxe parfaite ...?
Depuis la fenêtre de ma chambre d'hôtel, je me questionne sans fin sur la quantité d'eau nécessaire à l'entretien d'un green étonnant, que ma pelouse mitée ne pourra jamais égaler...
Moi, mes épaules sentent le lait caillé et nous promenons une poussette pourvue d'un bébé brailleur et débraillé. Mon brushing, ainsi que mon bronzage, sont à reléguer au rang des accessoires inexistants. Mon jean fatigué est celui que je sors pour les "après grossesse", il contient les derniers kilos superflus, faisant presque mauvais genre à côté de ces femmes de l'âge de ma mère et à la sveltesse insolente.
Non, décidément, ce n'est pas mon monde ...