choix de vie
Ce matin, j'étais partie pour intituler mon post "fraises des bois" ... Et puis en lisant cela, j'ai eu envie d'élargir le spectre. Au lieu de faire un long commentaire à Madame L, je fais un post à part entière.
Les choix de vie, on les fait, ils s'imposent d'eux mêmes, on les assume, on les regrette. Parfois la vie ne laisse pas le choix. J'ai la chance, l'incommensurable chance de pouvoir choisir, d'avoir pu choisir.
Mon choix de vie, aujourd'hui, c'est quatre murs en pierre et un toit usé au milieu d'un jardin, un peu loin de la ville et tout près du chant des oiseaux. Mon choix de vie aujourd'hui, c'est de faire revivre une partie de mon enfance pour les miens. Nourrir les poules plutot que traverser le passage piéton, reconnaitre une vache avant de jouer au square, aller à l'école à pieds plutot que de connaitre Zara et H&M, laver des pantalons boueux et accumuler les bottes en caoutchouc, manier la tondeuse, planter des tomates et frayer avec mes voisins paysans, qui ont 3 générations au cimetière du village. Ici, on parle de "La Lucette", "La Rosette" et "l'fils Machin, çui qu'a épousé la fille au Lucien" pendant que le chien sommeille près du fourneau (la dame qui parle comme ça habite dans la maison aux volets bleus, sur la photo).
Mon choix de vie, c'est aussi de faire des kilomètres avec un vieux diesel, et réfléchir à deux fois aujourd'hui avant de les faire, c'est se lever plus tot pour aller travailler et rentrer plus tard dans les bouchons. C'est rater les dernières sorties cinéma, ignorer les dernières sorties littéraires, rater le début des soldes et avoir les amis par mail plutot qu'à diner.
La semaine dernière, un invité de la rubrique Immobilier sur France Info expliquait les conséquences de l'augmentation du prix du pétrole. Il préconisait, plutot que d'acheter désormais un pavillon de banlieue pas cher et de faire des bornes, d'acheter plus cher un logement en ville. Question de budget. Et forcément, citadin qu'il était, il affirmait que les gens ne s'éloignent pas des métropoles pour le plaisir. Après tout, aller se paumer dans les camapagnes, ça n'amuse personne.
Il va de soi que les français préfèrent vivre en appartement, sans jardin et sans espace, respirant l'air vicié des villes en regardant leurs enfants grandir en devenant doucement asmathiques.
Le trait est grossier.
Bien sur, des tas de familles ne s'éloignent pas pour le plaisir. Mais certaines le font par choix.
Bien sur, les villes ne sont pas toutes des génératrices de malades en puissance. On est aussi allergique lorsqu'on vit à la campagne, avec le pollen.
Je regrette tellement pour les autres que le choix soit restreint. Que le choix économique (vivre dans une cage à poules "il faut densifier l'habitat") n'en soit pas un.
Tellement de petits Parisiens découvrent les vaches pour la première fois de leur vie en allant au salon de l'agriculture.
A quel moment de leur vie découvriront ils le parfum de l'humus dans les sous-bois, les fontaines pleines de mousse abritant tout un microcosme ? Apprendront ils à gratter la terre des patates nouvelles, tout juste sorties de terre ?
A quel moment vont ils se gaver de fraises des bois ?
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