Une certaine idée du bonheur...
Hier, ma moitié m'a entrainé dans une drole d'aventure. Etre jury à notre Sup de Co locale (rebaptisée pompeusement "Ecole de Management), juger les étudiants qui présentaient un travail sur le thème de la communication.
Sécotine ne travaille pas (mais tout n'est pas perdu), Sécotine a du temps devant elle, Sécotine a (hum) de grandes compétences en communication, donc Sécotine peut, de son oeil sévère, juger la qualité du travail de petits jeunes qui n'ont pas connu Kim Wilde, Murray Head ou Téléphone. Ah ah.
L'école est rutilante, les étudiants dignes d'un feuilleton. Dans les couloirs, on les voit, insolents de leur savoir tout frais et de leur belle jeunesse, nonchalants de leur vie en cours de réussite.
Les garçons ont sorti le beau costume, peu d'excentricité sur les cravates, ils présentent bien, sont rasés de frais pour ceux qui en ont besoin. Coiffeur il y a peu de temps, les lunettes à la mode et un faux air de Christophe Willem. Ecole de Commerce.
Les filles, elles, sont encore incertaines sur le look à adopter, c'est un joyeux mélange hétéroclite de caches coeurs à trous-trous, hauts noirs et presque sobres, ne serait-ce l'ingénu décolleté en V, la jupe est froufroutante, le pantalon cache quelques rondeurs. Cela viendra. Plus tard, dans quelques années, elles assumeront mieux, autrement, leurs atours et seront certainement moins compassées devant ces professionnels, qui aujourd'hui les regardent d'un air amusé, attendri, attentif.
Dans les jurys, tous ont de la bouteille, de l'expérience, Moitié et moi passons pour les petits jeunes, nous avons pourtant 10 ans d'expérience chacun.
Les travaux sont de qualité différente, parfois ils m'amusent, parfois ils commettent des erreurs de jeunesse. Les travaux, globalement, ont été soignés, documentés, chiadés. Bref, ils ont mouillé la chemise, ces petits.
Nos appréciations de professionnels sont douces, bienveillantes. Les critiques ne sont jamais cassantes. On a de la bouteille, tous, mais on n'est pas des méchants. Nous aussi, un jour, on a débuté.
Les voir, tous, avec leur jeunesse affichée, leur teint frais malgré les beuveries étudiantes, la cigarette facile et le PC en bandoulière, l'Ipod greffé à la peau, le rire léger, m'a rappelé le temps ou j'avais leur age.
Le temps ou moi aussi étudiante, je coulais des jours tranquilles entre fac, soirées, amis, stress des exams et comptes à rendre aux parents. Après tout, ils étaient les pourvoyeurs de cette jeunesse dorée.
De mon temps, les rapports et les mémoires étaient écrits à la main, ou alors on se refilait, d'une Supercinq à l'autre, le gros PC familial (encore sous Windows 3.0, un australopithèque à l'ère des Vista et autres Mac géniaux) d'une copine (si elle lit ce post, elle se reconnaitra...), pour taper, entre 2 et 4h du matin, le mémoire de maitrise qui signait les quatre années passées sur les banc de la fac.
Avoir un mail, à cette époque, était signe d'avant garde, et les Bibliothèques Universitaires connaissaient le fond de nos jeans, nos index usés à force de compulser les ouvrages papier. Internet balbutiait comme un nouveau né.
Les pelouses du campus accueillaient nos réunions, et en massacrant quelques paquerettes, nous refaisions le monde en discutant de nos prochains stages, de notre Grand Oral, de nos factures France Telecom (pas non plus de portable, eh non) indécentes. 500 Frs, à l'époque, pour 3 mois de téléphonie, pour régler, avec une copine, les détails de notre présentation sur Israël et la Palestine. Une somme.
Un peu nostalgique de ces années là, de cette réussite qui ne demande qu'à être attrapée, j'ai regardé ces petits jeunes avec une certaine envie. Envie de redevenir cette étudiante insouciante, envie de cette fraicheur et cette jeunesse.
Je me suis plue à penser qu'eux, de leur coté, n'avaient peut être qu'une envie : celle d'être à ma place, celle de la professionnelle avec expérience, des savoirs étayés, des compétences reconnues, de la bouteille, de l'assise dans la vie et des projets réalisés...