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Sécotine and so on
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27 juillet 2011

Baby/boom/rock/and/roll

Les billets étaient là, au chaud dans ma main. Ils avaient fait tapisserie depuis si longtemps, accrochés par une bête pince à linge sur ce grand vase en verre qui n'accueille jamais rien. Au milieu du salon, dans leur emballage criard, ils attendaient depuis Noël la date lointaine du 26 juillet.

Maintenant, ils étaient là, dans ma main. Il y en avait trois, un pour moi, un pour lui, un pour un ami. J'attendais devant ce gros camion rouge de tournée à l'entrée du théatre, j'attendais les garçons qui étaient allés loin garer la voiture. La météo avait prévu de la pluie, scénario insensé lorsque j'avais acheté, fébrile, ces billets de concert à Noël. La dernière séance d'Eddy Mitchell.

En attendant mes trentenaires, le reste du public défilait devant moi, se pressant vers l'entrée pour vite, s'installer sur la pierre du théatre de Vienne. Endroit magique s'il en est, le théatre antique de Vienne est l'enveloppe dorée du bonbon qu'est le concert, promesse luxueuse d'une belle soirée. Acoustique excellente, on ne voit que rarement de mauvaises prestations là dedans.

Le reste du public défilait, et à l'unisson de cette Dernière Séance, je voyais devant moi la génération du baby boom entrer dans l'enceinte. Baby boomers parfois un peu voutés, le crâne dégarni et le genou un peu raide, c'est Colette, Bernard, Jacqueline, Jean-Paul et Marie-Thé qui se faisaient des signes pour se rejoindre. Coude ridé, permanentes parfois fanées, la petite laine et les Méphisto étaient de sortie. Certains un peu plus fringants, arboraient le cheveu un peu plus long, la chaussure bateau revenue à la mode et la liquette corail pour Madame. Je souriais, les baby boomers étaient là, sous la couche de vernis des années, ils revenaient voir Eddy des Chaussettes Noires, celui qui chante "J'ai oublié de l'oublier", "a crédit et en stéréo", "Alice".

Oui, une frange de Salut Les Copains était juste devant moi, frais retraités de l'Education Nationale, ex-employés de la Préfecture, dentistes, tous aussi respectables, généralement promus grands parents et responsables dans ce rôle. Bernard le bedonnant fut, jadis, fringant dans son pantalon taille slim, Christiane arborait une choucroute et des robes courtes à la Courrèges avant de porter, comme nombreux de sa génération, ses lunettes sans montures et ses tennis TBS pour être à l'aise ce soir là. Le grain de folie qui les avait animés après guerre avait -extérieurement- fait place à la sagesse. Les I-phones et autres sésames communicants furent dégainés pour capturer l'instant, fantaisies de jeunesse.

Eddy fut naturellement à la hauteur, son public chanta, sans doute plus sagemment qu'il y a 40 ans. Eddy ne revint pas malgré les rappels énergiques, et ce fut bien dommage, mais peut être ne souhaitait il pas s'apesantir.

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Commentaires
N
Dans un autre genre, j'ai essayé cet été Ben l'Oncle Soul et le vieil Eddy peut être tranquille: la jeunesse, même inspirée par les années 50-60, se permettra d'animer sa vieillesse, et avec talent. Un vrai show man est né, les années 60 ne sont pas enterrées !
A
Pour Jacques Dutronc, même public, même ambiance, un peu plus quadra, un peu plus quinqua...
Sécotine and so on
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