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Sécotine and so on
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6 décembre 2010

La grande bourgeoise

12h30, ou presque. La voix doucereuse de l’hôtesse me tire de mes rêveries, elle invite son aimable clientèle à rejoindre les caisses, le magasin va fermer. J’ai oublié l’heure, 12h30.

A la caisse, devant moi, une grande quinquagénaire. Elle ne semble pas trop se soucier du fait que, l’angelot qu’elle a choisi ne comporte pas d’étiquette de prix. La jeune caissière, elle, semble ennuyée, et appelle qui elle peut pour se renseigner et encaisser l’achat. 12h30. L’heure de

la fermeture. L

’heure de la pause déjeuner. LA grande quinquagénaire, n’a pas ces contraintes. Elle discute, à quelques mètres de là, avec une de ses semblables. Elles glosent à qui mieux mieux sur une connaissance commune « oui, tu sais, une maladie des artères ». Pas de bol.

12h30. J’ai choisi ce magasin là, ce jour là, exprès. Je me dépêche. La petite caissière enregistre promptement mes achats. J’ai peut être encore une chance de pouvoir les faire emballer. Mais c’est pas sur. 12h30, dans ce magasin là, je peux très bien me faire rabrouer sous le panneau « emballages ». Désolée madame mais on ferme, revenez cet après midi. Bien sur, mon emploi du temps me le permet.

Non, pas du tout. Il est presque 12h30 et le comptoir des emballages est encore accessible. La grande quinquagénaire est là, devant moi, à faire emmitoufler un par un ses angelots dont celui qui n’avait pas d’étiquette de prix. Alors que l’hôtesse, celle à la voix suave demande de l’aide à ses collègues, la quinquagénaire aux cheveux courts et à

la doudoune Moncler

est toujours en grande conversation avec sa presque semblable, en plus ronde et plus blonde. « et puis tu sais chérie, elle a mené une vie de patachon jusque là – elle a eu des enfants ? Non, pense tu, et maintenant elle se case à 55 ans – et alors ils achètent un appart ? ».

Il est 12h30, et je m’excuse platement en confiant mes petits achats à la jeune vendeuse qui m’emballe tout ça fissa-fissa. Ils font de si jolis paquets cadeaux.

Alors que la queue de chère clientèle s’allonge derrière moi, les vendeuses rappliquent pour aider à emballer les emplettes de Noël. Il est 12h30. Leurs sandwichs seront trop vite avalés.

La grande bourgeoise, en doudoune Moncler, elle, ne se soucie pas de  ce genre de détails. Alors qu’on s’empresse entre bolducs et papiers froufroutants, elle demande, désinvolte, à la jeune hôtesse, celle à la voix suave qui s’affaire depuis un moment avec son papier bulle « si elle n’aurait pas un papier, là, pour noter quelque chose à mon amie ».

Entre serviable et servile, l’hôtesse trouve, et donne à madame Moncler. Et tu sais chérie… Et patati, et patata.

Certaines choses ne changent pas. La clientèle toute locale de ce si joli magasin reste toujours aussi hautaine, détestable. J’ai soupiré de compassion pour la jeune hôtesse à la voix suave. Chères clientes…

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Commentaires
M
Certain(e)s aiment à penser que l'argent achète tout, remplace tout... y compris le coeur. Et la plupart des gens leur donne raison.<br /> <br /> (Again une terrific 2011 à la montagne, mes vous 4 !!! entre FB et les blogs toussa, je m'y perds un peu dans les voeux, j'avoue ;o)<br /> <br /> x
F
Je n'imagine que trop bien la scène.
A
Avec serre-tête en velours ras et grosses bagues aux doigts ?
L
J'essaie toujours de les imaginer en dessin de Sempé pour me détendre: avec un petit chien à leurs talons et un renard mort sur l'épaule.
A
Oh là là, je connais ce genre de personnes en tant que vendeuse. Là ça me fait rire mais en vrai beaucoup moins...
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