Les assistantes
Avant, on les appelait « secrétaires ». Avant, on faisait des études pour devenir secrétaire, on s’enorgueillissait de connaître la sténo, de taper vite et bien. On a nourri les fantasmes les plus fous, jupe droite et bas couture, dans un monde professionnel dominé par l’homme.
Aujourd’hui, elles sont « assistantes », de tous poils et de toute sorte. Terme un peu ravaudé pour désigner celle qui est là. Qui fait plus qu’une secrétaire, parce que – oh mon Dieu, être secrétaire, de nos jours, ça n’existe plus. C’est trop suranné, stéréotypé, obsolète.
Des assistantes, j’en croise tous les jours. Celles qui prennent leur job au sérieux et s’habillent en femme fatale pour aller au bureau. Celles qui affichent les photos de leurs enfants proches de l’écran d’ordinateur. Forment une sorte de clan, officialisé par les listes de diffusion de mail, soigneusement organisées par le service informatique. Celles qui viennent en jean. Celles dont le bureau est toujours impeccable. Celles qui font les horaires de leur patron – et celles qui ne les font pas. Celles qui sont à leur place, et celles qui n’y sont pas.
On est rarement assistante par vocation de servir son prochain.
Les toutes puissantes, les historiques et les insignifiantes, anonymes et parfois frustrées. Celles qui râlent, critiquent, colportent, et non – ce n’est pas rare.
Rayon d’action flou, à discrétion du supérieur hiérarchique– personnes interchangeables, ces petites mains exécutrices des basses œuvres … Fortes en gueule ou diaphanes, leur profil reste cantonné à cette caste inamovible – un « statut » quo, en quelque sorte...