Le temps d'une inspiration
J'aime l'hiver, je l'ai sans doute déjà dit. Saison délaissée, désaimée au profit d'un tapageur été aux couleurs éclatantes et à la bonne humeur obligatoire. Oui, j'aime cet hiver ou l'on se recroqueville, ou l'on se cache sous de lourds manteaux, et ou aucun chanteur de pop aussi passager qu'une étoile filante ne vient vous marteler la tête de ses rythmes sautillants.
Voila ou je veux en venir.
J'ai trouvé, cet hiver, la panoplie musicale parfaite. Alors que les chansons veloutées et dépouillées s'égrènent au fur et à mesure que défilent les kilomètres du matin, je m'emmitoufle de cette froide émotion, limbes de brumes encore accrochées aux branches maigres d'un noyer, roi nu du champ glacé.
Je m'émerveille de l'arrivée du jour timide et trop pâle pour être vraiment coloré.
Je souris, cachée dans mon col roulé, de ne partager qu'avec moi même ces instants délaissés, ces paysages mornes que personne ne regarde et dans lesquels se cache pourtant une espèce de beauté très pure.
Oui, avec l'age j'aime le dépouillement - particulièrement musical, on dirait. Après le jazz sobrissime d'E.S.T. dont j'avais parlé ici même, les norvégiens de Kings of Convenience habillent mon hiver avec perfection.
Oh, les récalcitrants pourront dire que c'est un pâle plagiat d'un certain duo défait depuis, un gars qui s'appelait Saïmeune, et l'autre Garfounkeule. Une délicatesse si peu masculine, teintée d'un coté à la mode qui passera comme la saison.
Peu importe, j'userai ce disque à la trame sans doute, mais l'émotion est là, dans la trame des tons sourds de ces journées bien courtes. Et c'est tout ce qui compte.
(il est difficile de se confronter à ce quotidien, pourtant tout à fait normal,
Difficile d'accepter cette course sans fin, sans pause,
Difficile de s'oublier dans ce rythme infernal
Difficile d'avouer cet égoïsme face à certaines qui gèrent des maisonnées bien plus importantes que la mienne...
Bref... Face à cette simplissime et universelle difficulté, merci de vos petits mots)