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Sécotine and so on
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18 octobre 2009

Clichés & clichés

Cette femme, de toute évidence originaire d'Amérique centrale, assise dans le métro, son ouvrage de crochet, fil blanc, entre les doigts. Les mailles filent au fur et à mesure que passent les stations. Ce sont sans doute des petits chaussons pour bébé qui naissent sous ses doigts.

5ème avenue, proche de Central Park. Les enseignes luxueuses se chevauchent et s'empilent, c'est blasée que je croise ces vitrines rutilantes, pour moi sans intérêt. Je m'arrête simplement devant Tiffany's et esquisse un sourire en repensant à Audrey Hebpurn, qui picore distraitement son croissant à une heure matinale. Première scéne de Breakfast at Tiffany's.

5ème avenue toujours mais un peu plus bas. La cathédrale Saint Patrick est enchassée entre deux solennels immeubles vitrés. Il y a embouteillage sur les larges trottoirs... Je ne sais combien de flics en uniforme sont religieusement postés devant la cathédrale, en habit de parade, dans un étonnant silence. Cela ressemble à la scène des superproductions américaines, ou le coéquipier du héros se fait descendre - alors tous ses camarades flics, irlandais et italiens, assistent à sa cérémonie funéraire, forcément catholique.
Là, il n'y a pas de caméra. Mais il y a les cornemuses écossaises, et les kilts, bien sur. Les touristes, impressionnés, prennent quand même une photo de ce défilé immobile et recueilli, et se taisent presque au passage.

N'importe quelle grande artère dans les quartiers commerçants, et par extension, toujours cette 5ème avenue, à hauteur des magasins de luxe. Les volontaires des associations caritatives pour le soutien aux sans logis portent des kways rouges et haranguent la foule pour recueillir quelques dollars que l'on glisse dans une bonbonne d'eau retournée. Léger malaise lorsqu'ils appellent ces ladies respirant le chic newyorkais et par essence, fort peu dépourvues en général dans la vie.

Confusion facile dans les rues, dans les restaurants, dans les magasins. New York parle espagnol autant qu'anglais, et j'échappe quelques "por favor" au lieu des "please" habituels.

Le magain Abercrombie & Fitch - les gens font la queue jusque dehors pour entrer. Un jeune employé est chargé de faire patienter et de filtrer afin d'éviter l'embouteillage à l'intérieur. Il fait bien, le magasin est tellement sombre qu'il m'est impossible de distinguer le gris du beige.
Ce jeune employé, justement, est l'emblême d'une Amérique purement WASP, éventuellement Kennedy. D'ailleurs, il ressemble à s'y méprendre à JFK jeune, avec sa mèche blond-roux. Au moins, on sait sur quels critères ce jeune homme superbe a été recruté. Là encore, léger malaise à cette évocation, d'une Amérique un peu puriste, peut être un peu raciste, qui pourrait être véhiculée par des marques comme celle-ci.

Central Park, dimanche matin. A la sortie du Guggenheim, je profite du soleil. New York défile devant moi en courant. Tout le monde court. LEs petits, les grands, les jeunes les vieux, les belles et les beaux, les sportifs et les mères de famille. Tout le monde court, plus ou moins bien, genoux en X ou athlétiquement, coudes en aile de poule ou foulée souple et aérienne. Tout le monde court, Ipod sur les oreilles, témoignage d'une solitude dans la communion.

Les serveurs. Petit monde industrieux qui fourmille à chaque coup de feu, sagement, rapidement, efficacement. Je n'ai croisé aucun Jim, Jack, ou Cynthia. Nos serveurs s'appelaient Juan, José, Galina, Nina. Petit monde qui sert New York, venu de très loin pour cela. Trop bruns, ou trop blonds pour être américains depuis une ou deux générations.

Times Square, le soir, et sa débauche de néons, et sa débauche de touristes. Derrière nous, j'entends "tiens, encore des français". Ou, bien sur.

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Commentaires
A
J'adore ce petit récit qui est exactement ce que j'aurais aimé voir là-bas. je confirme mon commentaire précédent: ça fait envie!
2
oh non tu es rentrée déjà...sans passer par locandi vini & oli et ses propriétaires extraordinairement citoyens du monde ?<br /> bon...tu as eu pour ton saoul NY... ?!?
M
oui à new york on picore<br /> si je peux me permettre<br /> pour la boutique Abercombie<br /> je n y vois rien de raciste ... ou alors qchose m a échappé ... car qd j y suis passé le jeune homme en question était métis beau mec à la OBAma<br /> c était un apparté
M
Tu sais ce billet se lit à l'endroit et à l'envers, de haut en bas et de bas en haut, on y pioche des impressions et... Amazing, on est à New York !
R
Hé hé, ça me rappelle bien des choses, tout ça... :-)<br /> <br /> Et t'inquiète pour ton silence, j'imagine à peu près la vie que tu mènes. <br /> <br /> Bises.
Sécotine and so on
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