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Sécotine and so on
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11 juin 2009

"il faut cultiver notre jardin", petite chronique de voisinage

Je me remémore les regards curieux des voisins, ici, lorsqu'ils ont vu tomber les planchers usés de cette antique maison que nous venions de racheter.
Nous avons suscité la curiosité ici. Même pas voilée, les promenades dominicales de nos désormais voisins s'arrêtaient systématiquement devant notre portail miteux, le père, la mère, les enfants et la belle mère s'arrêtaient, sans vergogne, pour nous observer comme des singes au zoo. Commenter les tas de gravats qui s'accumulaient dans la cour.

A l'époque, nous prenions doucement nos marques dans ce nouvel univers loin de nos repaires urbains. Ici, le passé ouvrier, les petits jardins, l'environnement clairement rural se refermait sur nous. Nous l'avions voulu. Nous ne le regrettons pas. Ici, ce n'est pas bobo...

Parce que nous avons nous mêmes retroussé nos manches pour faire de cette maison une vraie maison, nous avons gagné le respect de nos voisins. Parce qu'ici, ils sont peu, les gens qui ont un compte en banque suffisamment rempli pour "faire faire". Ici c'est système D, les petits revenus de mes voisins sont masqués par de jolis jardins potagers. Par leurs talents de bricoleurs. Par leur pugnacité au travail, à la tâche. Ici, on ne renâcle pas. On bêche. On plante. On maçonne. Pas de place pour les ongles vernis.
Quel que soit l'âge, ici, tout le monde vit comme ça.

Et nous aussi, finalement. Peu de chantiers ont été confiés à des professionnels. Et désormais, notre potager vient allonger la liste de  ceux que je croise chaque jour ici, fournissant entre autre un idéal sujet de conversation entre voisines. On soupèse tomates et salades, on partage patates nouvelles et on évalue la cloque du pêcher.

Et lorsque ce couple de quinqua fringants est venu s'installer à coté de chez nous, ils sont eux aussi passés au crible du regard des voisins. Leur maison bénéficie d'un jardin tout petit, mais superbe, garni de rosiers divers, de haies savamment orchestrées et d'un merisier à faire palir d'envie. Leur discrétion est exemplaire, mais leur intégration dans le village en patit - dégât collatéral.

Et puis, un jardin ça s'entretient. Et le leur, il demande des heures d'entretien. Mais nos quinquas préfèrent jouer la fille de l'air les weekends, papilloner dans la région et faire fi de l'entretien leur domicile. Puis faire fi des demandes de la municipalité, leur demandant un coup de taille haie de temps à autres, pour élaguer un peu. Faire fi du repos dominical ici, qui interdit comme souvent l'utilisation de la tondeuse.
C'est un peu agaçant.

Alors lorsque, totalement débordés, ils cherchent un peu d'aide extérieure et demandent qui pourrait les aider à tailler une haie dreadlockisante, venir à bout de rosiers grimpants-retombants-ébouriffants... Ils ne recueillent qu'un silence poli de la part de voisins qui entretiennent tout seuls un verger entier. Un mépris peu voilé pour un style de vie trop en marge de la norme de notre village.
Le jardinier qu'ils ont embauché pour donner un coup de frais y a passé deux jours pleins cette semaine.

Oui, ici, il faut savoir cultiver son jardin. Soi-même.

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Commentaires
C
Et puis il y a ceux qui n'y arrivent plus. Trop de travail, trop de fatigue, plus assez de temps pour le jardin... Et puis un jour un voisin qui frappe à la porte pour proposer son aide, ainsi qu'un deuxième. Et dimanche tous ensemble, nous en viendrons à bout !
C
... ici aussi il y en a des "comme ça" ! je peux même te dire qu'à la fête des voisins ... on les a point vus !
A
Oui, c'est très bizarre, ce serait comme demander à la voisine de venir changer le bébé...
E
quelle chronique réaliste ! je croyais voir un film ;-)
2
une chronique très réaliste...!
Sécotine and so on
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