Ma petite entreprise ne connaît pas la crise…
(attention, post déprimant)
Les médias nous rebattent les oreilles avec la crise, la Crise, cette très grave crise qui vomit chaque jour un peu plus d’ex-salariés sur des trottoirs déjà bien encombrés de SDF et de sans papiers.
La crise, les hommes politiques, les hommes économiques et les sages en disent chaque jour quelque chose, quelques mots, des discours entiers, des mesures, des lois, des conférences…
La crise, c’est un mot qui n’a jamais quitté le vocabulaire. J’ai l’impression d’être née dedans, d’avoir grandi dedans. Quelques embellies passagères, du temps du « boom de l’internet » ont égayé le paysage, trop belles pour être vraies et y croire pour de bon.
Non, la crise, depuis que je suis en age d’écouter la radio et regarder la télé, a toujours été là. On parlait de plans de rigueur, du temps ou le ministre des finances était large et haut avec des lunettes à épaisse monture carrées.
Pendant ce temps là, les Jours de France s’empilaient à la maison et mes parents, eux, ne connaissaient pas vraiment la crise, je crois. La quantité de jouet et la qualité des vêtements que je portais démentaient quelconques difficultés. Ou alors se sont-ils plu à me le faire croire ?
Et puis me voici, quelques décennies plus tard, propulsée à leur place, responsabilisée dans ma vie d’adulte. Cette fois la crise est bien présente, elle me saute aux yeux de toute sa flagrante discrétion.
Les réflexions de la dame à coté de moi, au supermarché, qui compare trop longuement le prix des paquets de jambon.
Les chiffres, partout présents, pour comparer le prix de l’essence et celui du gaz.
Les virées shopping, une espèce totalement disparue, laissant des kyrielles de vendeuses s’ennuyer dans des magasins vides de clientes.
Les désinscriptions massives et systématiques de newsletters annonçant avec grand fracas des ventes exceptionnelles de marques prestigieuses.
Et au final, un univers qui se réduit, se réduit …
Autant que les kilomètres, que l’on ne parcourt plus.
Autant que les livres, les magazines, que l’on n’achète plus…
La genèse d’une telle situation économique m’échappe complètement … ou est finalement le point de départ de cette chute massive, de cette dégringolade incontrôlable qui, une fois n’est pas coutume, m’emporte également ?
Et pendant ce temps là, Dominique Esway égrène tous les soirs sur France Info la liste des entreprises qui dégraissent, licencient, ferment, sont en redressement mais ne pourront rien redresser du tout.
Et pendant ce temps là, sur le thème de "Sauve qui peut", ici on continue à bosser, sagement, performants, pour éviter à notre tour ... d'aller pointer à l'ANPE, d'aller quémander la clémence des banquiers, les nuits blanches saturées de "comment on va faire"...
Oui, cette fois, la crise est bien là, partout.