Collègues
Cela fait déjà une paire d'année que je travaille. Des entreprises, j'en ai visité un certain nombre. Public, privé, PME locale, World Company, j'ai un peu de tout sur mon CV. Parcours hétéroclite, on dit aussi "riche", c'est mieux.
Des gens, j'en ai croisé pas mal dans cette vie de bourlingue professionnelle. Des gentils, des passables, des inoubliables et des à crucifier sans tarder. Des collègues.
On ne demande pas, généralement, à croiser le parcours de ces gens là, c'est le hasard des contrats de travail qui fait qu'on est amenés, sans se choisir, à passer des journées entières dans des bureaux voisins. A partager cafés et crayons, points de vue sur le dossier machin et tensions sur l'utilisation du vestiaire.
Certains deviennent des amis. On se suit, d'une boite à l'autre. Certains font partie de la famille. Certains sont à fuir pire que la peste.
Des collègues, j'en ai aussi quitté quelques uns. Pots de départ dans des salles de réunion toutes impersonnelles, quiches émiéttées dans des assiettes en plastique et gobelets de jus de fruit très amer. Conversations futiles pour meubler un espace que souvent, tous trouvent gênant.
Je m'apprête, une fois de plus, à quitter ces collègues. On se croise, on partage, et puis un jour c'est tout, on se sépare et on s'en va. Rien de dramatique dans ces séparations, petites morts professionnelles. On regrettera les blagues de Christophe du marketing et la tarte tatin de Josiane de la compta. Après tout nous sommes des grandes personnes raisonnables, alors ces sessions collectives de "ce n'est qu'un au-revoir" sont monnaie courantes et font partie du paysage. Sans larmes ni effusions.
Après tout, quoi de pire que ces adieux professionnels émus voire émouvants ? Rien de grave, pourtant.