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Sécotine and so on
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13 juin 2008

Il est temps que je vous parle ....


Découvrez Kevin Shields!

collage10

Ce matin, en rangeant intensément ma bibliothèque, je suis retombée sur des photos poussiéreuses. Le paquet était imposant, j'ai donc pris un instant pour les regarder. 2005, mois d'août.

Le voyage était prévu de longue date, il avait fallu s'organiser, poser presque 3 semaines de congés. Eplucher le net à la recherche des meilleurs tarifs pour les billets d'avion. Demander des visas et envoyer nos passeports à Paris. Les récupérer avec un joli sticker estampillé à nos noms, et plein de caractères illisibles. People's Republic of China. Echanger de nombreux mails pour l'organisation sur place.

Et au terme d'un tumultueux voyage, Pékin était là. Humide, très humide et bien trop chaud pour mes gênes de blonde à peau très claire. Très bruyant et trop pollué, nous étions déphasés dans cette mégalopole en constant changement. Déjà les bulldozers s'attaquaient aux Hutong, ces vieux quartiers, défigurant à jamais la ville et la privant de son passé. Tout cela au profit des installations olympiques.

Grouillante ville, ou tout le monde vit jour et nuit, où il faut se battre pour garder sa place au guichet de Beizhin-zhan la gare centrale. Incroyable Pékin, où je me laissais guider dans un épaix brouillard sur la place Tien An Men, sévèrement encadrée par les colossaux batiments soviétiques.

Et puis nous visitâmes aussi Xi'an, la provinciale et ses 7 millions d'habitants, son éternelle poussière et un des chocs de ma vie en arrivant de l'aéroport de nuit. Oui, les gens vivaient vraiment dans ces garages crasseux, tenant boutique jusqu'à point d'heure. Après un frisson que je qualifierai de choc des cultures, j'ai eu beaucoup de plaisir à m'attabler à un bouiboui, sol en terre battue et nappe en plastique, lumière crue d'un néon se reflétant sur des murs d'un blanc sale... Pour déguster des brochettes mongoles de boeuf, certaintement les meilleures de ma vie. Wong Kar Wai aurait aimé filmer là. 

Puis ce fut le grand départ pour les premiers plateaux du Tibet, en passant par l'inqualifiable Lanzhou. Arrivée en train aux toutes petites heures du matin après un voyage de 10h assis sur des bancs en bois, l'occidentale indécrotable que je suis goutait aux joies du dépaysement. Aujourd'hui, lire dans Le Monde 2, par exemple, les articles sur ces villages chinois aux populations infectées par les trop plein de plomb, cuivre et autres métaux, me rappelle qu'à Lanzhou la ville est noire d'aciéries, de charbon et d'industrie. L'usine du monde était là, je l'ai vue.

Enfin, Xiahe (ça se dit chia-rheu), à 3000m d'altitude, bourgade de pélerinage aux confins de la Chine et du Tibet. Pléthore de moines, soleil cru, impossible de réaliser qu'enfin c'est moi qui suis là. Les plus belles images du National Geographic, de Geo et de Yann Arthus Bertrand sont là sous mes yeux. Le spectacle est là, il suffisait de s'asseoir sur un trottoir et voir la journée défiler ici. On respire moins bien, l'hotel n'a d'eau chaude que 3 heures par jour mais une sérénité inégalée englobe la ville.

Nous arpentons la ville dans tous les sens, passant des quartiers musulmans aux quartiers bouddhistes par le chemin de pélérinage, nous faisons des overdoses de moulins à prières et de Potala, nous sommes ailleurs, loin de France, ici ou rien n'est comme chez nous, ni les gens, ni les maisons, ni le calme unique.

Une randonnée encore un peu plus haut, vers 3500m de hauteur nous fait approcher du paradis. S'il y en a un, les collines de Xiahe en sont l'antichambre. Collines et vallons verts, à perte de vue, air limpide, on touche le ciel à chaque instant, et marchons de crête en crête en ayant la sensation très palpable de vivre des instants tellement uniques.
Un des secrets du monde, pour moi, est à Xiahe. Depuis que le monde existe, il y a ici des Tibétains qui vivent jalousement de ce monde si beau, des Tibétains qui ignoreront sans doute toute leur vie ou se trouve ma vie à moi, mes villes, mes objets. Toute leur vie, ces gens là vivront burinés de naissance dans ce ciel immense, ce silence paisible qui n'existe que là haut, à 3500m d'altitude.

Et moi, qui par hasard ou presque passais par là, je découvre une espèce d'éternité immuable, quelque chose que l'on touche du doigt une fois dans sa vie et dans des endroits si improbables. A 10 000 km de chez moi.

La redescente sur terre fut un peu difficile, les repères de la civilisation chinoise revinrent un peu brutalement, bruyants et chatoyants, poussiéreux et souriants, comme autant de signes que ma vie n'était pas là haut.

Mais un instant, tout en haut des collines, le temps s'était arrêté pour de bon. C'était merveilleux.

PS : si vous avez des souvenirs de voyage uniques, j'adorerais les lire dans les commentaires ...

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Commentaires
L
tes photos sont super belles, très lumineuses ! quelle chance d'avoir fait ce beau voyage même si tu reviens forcément chamboulée. Ici, rien d'exotique. Les USA, le Canada, plusieurs pays d'europe. On a toujours emmené les enfants avec nous. un voyage de prévu en novembre - j'ai fait un petit message à ce sujet - et puis on prépare tokyo mais là tous les deux because le budget ! nos enfants comptent pour des adultes alors ... on va essayer de faire ça en 2009 (printemps).
E
Fabuleux... Voilà un pays que j'aimerais vister, avec le Vietnam aussi. <br /> Tu commences à me connaître, s'il y a un endroit où j'ai ressenti cette sérénité, ce calme c'était dans le Sahara. Je rêve d'y retourner pour le voir, le vivre avec des yeux d'adulte !
A
Non, malheureusement, pas d'aussi jolis souvenirs de vacances.<br /> Merci !
M
Qu'il est agréable de te lire... on s'y croirait !<br /> ça doit être un voyage extraordinaire, merci de nous le faire partager !
L
Oh oui ça donne envie !! :)
Sécotine and so on
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